vendredi 25 mars 2016

Chacun son niveau.


"Nous avions vingt et un an tous les deux; et quelle différence entre nous! Lui, habitué à une existence dont le son réglé d'une horloge déterminait les mouvements; n'ayant jamais vu de la vie que le chemin d'une chambre isolée à un bureau enfoui dans un ministère; envoyant à une mère l'épargne même, ce denier de la joie humaine que serre avec tant d'avarice toute main qui travaille; se plaignant d'une nuit de souffrance parce qu'elle le privait d'un jour de fatigue; n'ayant qu'une pensée, qu'un bien, veiller au bien d'un autre, et cela depuis son enfance, depuis qu'il avait des bras! Et moi , de ce temps précieux, rapide, inexorable, de ce temps buveur de sueurs, qu'en avais-je fait? étais-je un homme? Lequel de nous avait vécu?"
J'ai hésité aussi avec cette citation:
"Je rentrais alors dans la chambre et je trouvais Brigitte se disposant à se déshabiller."
J'ai hésité également à faire mon propre texte, mais c'est chiant et Alfred de Musset est plus fort que moi.

3 commentaires:

Emma a dit…

Vos propres textes sont (pourtant) savoureux. Moi je dis ça, je dis rien !

Laurent a dit…

Superbe! :)

Hana a dit…

Ou un Haiku du mois de mai :

五月雨や上野の山も見飽きたり
samidareya uneno no yama mo miakitari

De Masaoka Shiki, poète japonais (1867-1902)

Qui veut dire, litteralement :
sous la pluie du mois de mai, meme les montagnes d'Ueno me lassent.

C'est un haiku plein de melancolie qu'il a ecrit lorsqu'il a 35 ans, malade de la tuberculose. On sent qu'il n'en peut plus de voir le meme paysage a travers la fenetre, depuis son lit de malade...